Le sujet était brûlant, l’émission a fait le buzz, les blogs*qui l’ont commentée un peu aussi.
Jeudi, je reçois un mail « Je tenais à vous informer que dans le cadre de notre rubrique « Le Post », nous citerons votre blog dans un article publié samedi sur JIM.fr. »
On est samedi. Je lis.
Comment éviter le débat ? En le caricaturant !
Opposons de pauvres gynécologues manipulés par la radio (grands naïfs qu’ils sont) à des blogueuses enragées engagées.
Fin du débat.
Le JIM reproduit ma retranscription des propos des gynécos en terminant sur ce commentaire « épingle cruellement Dix Lunes sans reconnaître que le jeu du montage a pu donner des gynécologues interviewés une image peut-être un peu déformée (et sans envisager que Jean Marty se référait à une acception très classique du terme « maltraitance »). »
Les mauvais esprits tentent toujours de remettre en cause les témoignages de patientes, les renvoyant à leurs mauvaises compréhension des gestes, à leur hypersensibilité voire pudibonderie, aux impératifs médicaux. Je me suis attachée à ne retranscrire que les propos des Dr Marty et Paganelli, justement parce qu’ils se suffisaient à eux-mêmes et n’étaient pas susceptibles d’interprétation.
A l’inverse, j’aurais aimé voir cité ma conclusion qui, loin du gynéco bashing auquel on me résume, soulignait combien cette représentation syndicale était problématique pour la profession…
Le JIM ne dit d’ailleurs rien d’autre quand il regrette ensuite :
Ainsi les deux praticiens ne trouvent nullement grâce aux yeux de ces blogueuses engagées et sont, rapidement, érigés comme le symbole d’une gynécologie maltraitante et paternaliste, sexiste et irrespectueuse… et qui plus est fière d’elle ! Si les propos rapportés par les trois blogueuses ont effectivement été tenus par les deux praticiens et s’ils reflètent assez bien la teneur générale de leurs déclarations (la tentative de démonstration de l’absence de respect des patientes par Elisabeth Paganelli est on ne peut plus maladroite), on ne peut s’empêcher d’apporter quelques nuances à cette vindicte. D’abord, dans une émission toute acquise à la cause des patientes « malmenées », Jean Marty et Elisabeth Paganelli n’avaient pas la tâche facile et tenaient forcément le mauvais rôle… mauvais rôle appuyé par un montage où se superposent sans véritable lien les témoignages les plus édifiants et leurs propos souvent décalés.
L’injustice radiophonique ne fit qu’aggraver leur cas : à côté de la belle voix douce de Martin Winckler et de celle des différentes intervenantes, l’accent .
Surtout, on peut se demander pourquoi France Culture a choisi de ne s’en tenir qu’à ces deux seuls praticiens : il n’y a donc en France aucun gynécologue qui soit d’accord pour reconnaître qu’il existe une tendance regrettable au paternalisme, que certains actes doivent être prohibés et que la pédagogie doit remplacer l’infantilisation autoritaire ? Une sorte de « Martin Winckler » (l’irréprochable ) de la gynécologie ! Ou au moins un gynécologue capable d’expliquer la nécessité de certains actes, de tenter d’excuser certains propos maladroits (et pas seulement en soulignant que c’est ainsi que les gynécologues ont appris leur métier comme le répète toujours Martin Winckler)… sans tomber dans la caricature. Apparemment non.
Le JIM feint donc d’ignorer que les médecins interrogés sont des représentants très officiels de la profession. Bien sur, ils y en a d’autres. Mais c’est bien le SYNGOF qui, par ses prises de positions régulièrement agressives et méprisantes, nuit à l’image des gynécologues et à toute tentative de réflexion conjointe autour de l’organisation des soins ou de la coordination nécessaire entre praticiens.
Confraternellement, le JIM précise ensuite : Comme Clara de Bort l’a bien souligné au cours de l’émission, la spécificité des organes concernés suppose des attentes, apparemment pas toujours satisfaites, et une sensibilité, pas toujours comprise, particulières.
Puis cite : La blogueuse Ovidie pourtant dans sa conclusion appelle à la nuance « …/… Et il y a des gynéco formidables, mentionnons-le au passage. Il ne s’agit pas de tirer à boulet rouge sur l’ensemble d’une profession si nécessaire » écrit-elle.
Je ne disais pas autre chose. Mais qui prendra le temps d’aller lire le blog après la présentation qui en est faite ?
L’article laissera à ses lecteurs le sentiment d’une sage-femme aux positions outrancières.
Ou comment nourrir – avec gourmandise ? – l’idée d’une bataille rangée entre nos deux professions…
*Autres blogs cités dans l’article :
– Marie-Hélène Lahaye
– Ovidie