Le syndrôme du briquet
Publié par 10lunes le 8 octobre 2017 dans Vie du blog
Pardonnez moi cet excès d’intimité, pour une fois, je vais causer de ma petite personne et de ceux qui m’entourent.
Le syndrome du briquet, c’est ainsi que mon homme a récemment résumé ma propension à m’enflammer (ahaha) pour les grands élans genre « Tous-ensemble-tous-ensemble… »
Effectivement, dans un concert, je serais du genre à faire briller mon portable à bout de bras. J’aime la sensation de penser à l’unisson, j’aime les mots et les idées qui disent solidarité et générosité.
En fait, je suis une incorrigible optimiste ; toujours plus envie de voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
J’ai donc la stupide naïveté de penser que les hommes sont bons et qu’il suffit de se causer gentiment pour que tout s’apaise et tout s’éclaire.
Bon, j’ai très sale caractère aussi. Suis une râleuse, par principe, par essence. Plus petits, mes enfants me prévenaient gentiment : « Mamannn, y a un reportage sur – au choix ! – la grossesse /l’accouchement /les bébés /l’hôpital … On te laisse, tu vas encore t’énerver ». Et ils filaient plus loin, lassés par avance de mes réactions.
Pour tout vous dire, j’ai dû les traumatiser rien qu’avec l’Odyssée de l’espèce. Dans ce très beau documentaire en image de synthèse retraçant les étapes de l’évolution, la première hominidé(e !) qui accouche s’allonge pour faire naître son petit (à 5’30). Et moi de protester « Mais non, MAIS NOOOOOON ! » en pensant au formatage insidieux de lointains futurs parents, déjà contraints à imaginer une femme forcément étendue au moment de la mise au monde.
Ce sont les réflexions de ces enfants devenus grands qui m’ont beaucoup apporté lors d’une discussion récente. Le sujet des violences obstétricales est arrivé sur la table. En « milieu préservé », je me suis autorisée à évoquer mon incompréhension devant l’agressivité de certains propos, la dénonciation globale. J’ai osé souligner combien ça faisait mal de voir tous les soignants rangés dans le clan des agresseurs et des violeurs. J’ai redis combien cette généralisation me semblait contre-productive auprès des « malmenants », d’autant plus enclins à se dédouaner que la charge était forte : « Suis pas si pire donc suis pas concerné ».
Et puis eux, plus jeunes, plus activistes, plus anarchistes (!) m’ont dit « Mais regarde, on en parle, c’est sur la place publique* alors que toi tu milites depuis 30 ans pour que ça change et tu t’énerves parce que ça ne change pas beaucoup, pas vite ».
Grace à leurs mots, alors que j’étais piégée entre mes espoirs et mes rejets, je me suis sentie comme réconciliée.
Et ça m’a redonné l’envie d’écrire.
_______________________
* Au moment où j’allais publier ce billet, je reçois ces articles de Médiapart et du Berry Républicain