Son troisième enfant a 3 mois. Le précédent 1 an. L’aîné 2 ans et demi. Trois enfants en trois ans, ce n’était pas tout à fait leur projet mais … un comprimé oublié de temps en temps et deux bébés se sont invités.
C’est ce qu’elle m’explique lors de notre première rencontre, pour une rééducation périnéale. Elle dit sa crainte d’oublier encore… Parce que trois enfants plus rapprochés que prévu, ça va mais un de plus ? Vraiment pas ! « On » lui a fait la leçon en disant qu’elle devait être plus attentive. « On » lui a parlé du stérilet mais elle a dit qu’elle n’en voulait pas et « on » n’a pas insisté.
Notre séance de rééducation se transforme petit à petit en consultation de contraception. Pourquoi ne pas choisir autre chose que la pilule ? L’implant, elle n’en a jamais entendu parler mais ça ne la tente pas.
– Un truc dans le bras ? Nonnonnon.
– Et le dispositif intra utérin, qu’est-ce qui vous retient ?
– J’ai peur d’avoir mal.
– Vous avez déjà vu à quoi ça ressemblait ? Non ?
Je sors mon matériel de démo, lui laisse le temps de l’observer. Elle s’étonne de le découvrir si petit, si léger au creux de sa main. Elle commence à s’intéresser
– Mais comment ça se pose ? Je raconte, montre sur la maquette. Elle se détend. En plus 5 ans sans risque d’oubli ? Elle sourit.
La fois suivante, elle ne veut pas qu’on s’occupe de son périnée, faut causer contraception. Dossier, examen, choix du mode d’action (cuivre ou hormonal) et nouveau rendez-vous pris pour la pose.
C’est pour ça qu’elle est là maintenant, un peu anxieuse…
Je tente de la rassurer en papotant de tout et de rien pendant qu’elle s’installe (en position gynécologique … je reviendrai un de ces jours sur mes démêlés avec la position à l’anglaise), la couvre du paréo que je demande aux femmes d’amener pour se sentir moins « exposées ».
J’attends qu’elle soit prête, qu’elle me le dise, pose le spéculum, fait gicler un peu d’antiseptique tout en l’interrogeant sur les frasques de son aîné, m’applique à parler pour détourner son attention du moment qu’elle appréhende. La pose est rapide, facile. J’annonce qu’il n’y a plus qu’à couper les fils avant de retirer le spéculum.
Je la vois sourire.
Son soulagement la rend volubile. Elle rit de sa peur infondée. Mais je le dirai à mes copines que ça fait pas mal, c’est bête parce que j’avais si peur mais finalement c’est rien du tout ! Les ciseaux, les fils, et tout en lui annonçant que c’est presque fini, je retire mes cisea…. Mon geste se fige. Je n’ai coupé qu’un fil, le second est resté coincé entre les deux lames. Au bout pend lamentablement le DIU que je viens donc de retirer.
Je suis honte ! J’explique ma maladresse, me confonds en plates excuses… annonce que j’ai un DIU d’avance et que si elle veut bien, je le lui pose tout de suite. Elle veut bien et me rassure gentiment. Mais c’est pas grave du tout vous savez… C’est même bien parce que la pose, ça y est, je sais que ça fait pas mal mais j’avais déjà peur en pensant au moment où il faudrait le retirer dans cinq ans. Maintenant je sais que ça ne fait pas mal non plus !
Je place rapidement le nouveau DIU, coupe les fils avec une extrême précaution. Je tirerais presque la langue tellement je m’applique…
Pendant tout ce temps, c’est elle qui continue à parler pour me rassurer !