– Faut faire une déclaration d’AES (accident d’exposition au sang) lui dit le chef de service.
Cette phrase ne parvient pas à effacer son sourire.
Un peu plus tôt, un enfant est venu au monde,
un peu plus tôt un autre enfant a vu le jour,
un peu plus tôt, leur mère a rompu sa poche des eaux en se levant du ballon,
et juste un peu plus tôt elle était assise sur ce même ballon, soufflant paisiblement à chaque contraction.
Les deux enfants sont nés en quelques minutes.
Tellement vite que l’interne s’est précipité dans la salle pour intervenir avant de remarquer les jumeaux blottis dans les bras maternels.
Tellement vite que la sage-femme n’a pas eu le temps de mettre ses gants.
Elle a accueilli les nouveau-nés à mains nues.
Alors oui, le sourire reste accroché à ses lèvres.
D’autant que le chef de service se fait complice :
– Quel beau cadeau, n’est-ce pas, ce toucher peau contre peau, tes mains s’en souviendront pour toi, même quand tu seras gantée.
Mon sourire touche mes oreilles en te lisant ce matin. 🙂
Pour mon deuxième accouchement, à la fin ça s’est précipité, je me rappelle la sage-femme qui me disait: « Attendez, laissez-moi au moins le temps de mettre mes gants… » et moi « j’peux pas, ça pouuuusse! » J’avais jamais pensé à un AES
quel bonheur pour cet enfant dont le premier contact hors utérus a été de la peau et non du latex!
je suis sage-femme, je travaille en dehors de l’hôpital. J’accueille tous les bébés sans gants. Et c’est vrai qu’on a une sacrée mêmoire tactile.
Rien que d’écrire ce message et je sens ce petit corps chaud, un peu visqueux, déjà plein de vie, qui arrive et que j ai l’impression de connaître déjà après l’avoir tant senti et palpé dans le ventre de sa maman.
Je n’aimerai pas remettre de gants !
Merci Maud pour votre commentaire si émouvant – et bien sûr merci aussi à 10 lunes pour cet article si touchant !